De Fréjus, les guides touristiques ne manquent jamais de rappeler sa position enviable sur la Côte d’Azur, sa plage réputée ou son port de plaisance. Ce qui nous intéresse dans cet article serait plutôt… sa station d’épuration, la STEP du Reyran, équipée d’une unité de production de gaz vert, à partir de la valorisation des boues d’épuration.
Éclairage en compagnie de Maurice Chabert, conseiller communautaire en charge de l’énergie et adjoint au maire de Saint Raphaël, commune qui jouxte Fréjus.
Pourquoi une unité de production de gaz vert sur notre territoire ?
La station d’épuration du Reyran et sa valorisation des boues en gaz vert fait partie d’un PCAET (Plan climat-air-énergie territorial) ambitieux. Elle est aussi une réponse économique : un tel équipement doit pouvoir répondre à l’affluence estivale sans être un poids financier pour la communauté.
Sur cet équipement, les logiques environnementales et économiques sont donc compatibles.
Cette réduction du volume a aussi un autre impact sur les coûts évités, puisque notre prime TGAP (taxe générale sur les activités polluantes) est réduite de 75 000 euros et que nous percevons par ailleurs 300 000 euros de prime de l’agence de l’eau.
Enfin, la valorisation énergétique des boues nous permet de générer 950 000 euros de recettes perçues au titre de l’injection dans nos réseaux du gaz vert ou biométhane ainsi produit.
Du côté des habitants, nous constatons une légère hausse de 0,10 cts/e par m3/an pour l’eau et l’assainissement dans le cadre d’un avenant concessif avec Veolia. Notre prix final reste en dessous de la moyenne du département. Du fait de tous les impacts positifs qu’il amène, la critique de cet équipement est donc difficile !
Sur les 7,3 millions d’euros d’investissement nécessaires à sa construction, 45% sont venus de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée. Nous avons aussi pu compter sur des aides de la Région (700 000 euros), de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (650 000 euros). Les 50% restants ont pris la forme d’un avenant concessif de la part de la Cavem au délégataire Veolia. L’amortissement est prévu à l’horizon 2025.
Ce type de projet pilote a-t-il également un impact socio-économique sur le territoire ?
Nous venons ainsi d’inaugurer une Station publique d’avitaillement en BioGNV (1) à 5 km de la STEP du Reyran. C’est le projet d’un transporteur qui est en train de convertir sa flotte en Gaz Naturel Véhicule « Vert » et fait figure de modèle pour d’autres entreprises.
Cette première réussite nous a permis aussi de développer rapidement notre projet de route du soleil, consistant à généraliser les petites stations de productions photovoltaïques dans l’agglomération.
Le projet de méthanisation est-il aujourd’hui abouti ou reste-t-il des voies d’optimisation ?
Le gisement global est de 700 tonnes par an pour la restauration et de 1 700 tonnes pour les invendus. Nous sommes actuellement en phase d’étude de faisabilité économique.
Quels sont les grands enseignements que vous avez retenus d’un tel projet ?
Sur un plan réglementaire, il faut aussi préparer ce type de projet innovant avec soin. Nous bénéficions d’un service juridique compétent qui nous a permis de répondre à toutes les demandes.
Qu’est-ce que le BioGNV ?
Le BioGNV est la forme « verte » du Gaz Naturel Véhicule ou GNV. Plus simplement il s’agit du biométhane ou gaz vert destiné à un usage carburant et dont la qualité est identique au gaz utilisé pour nos usages quotidiens que ce soit pour les ménages, les entreprises ou les industriels. Produit ici sur le territoire de Fréjus à partir de la méthanisation de ses boues d’épuration, acheminé par les réseaux gaz vers des stations d’avitaillement dédiées, ce BioGNV se substitue aisément aux carburants conventionnels que sont l’essence ou le diesel au profit d’une mobilité plus durable. En effet les qualités environnementales du BioGNV lui permettent de disposer de la Vignette Crit’Air 1 quel que soit l’âge du véhicule. Par ailleurs, il produit 80%* à 85% de CO2 en moins par rapport au diesel selon différents études. L’IFPEN lui confère même un bilan carbone identique à celui d’un véhicule électrique. Comme le GNV, le BioGNV peut être distribué sous forme comprimé à 200 bars plutôt dédié aux véhicules routiers ou sous forme liquéfié pour les usages nécessitant une très grande autonomie. En février 2020, la capacité installée de production de biométhane française équivaut à la consommation de plus de 8700 bus roulant au BioGNV pendant 1 an.

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Un article de notre partenaire
La version originale de cet article a été publiée sur Le Monde de l'Energie.
Texte rédigé par Construction 21